Panya & Shadow

Le museau levé vers le ciel, Coeur d'Ombre marchait d'un pas lent sur la plage. Sous ses pattes, il sentait le sable crisser avec une sensation qu'il aimait beaucoup. Son regard vert si perçant vagabondait autour de lui, admirant la nature qui s'étendait sous ses yeux. L'air était plus chaud, la Saison des Neiges laissait place à la Saison des Feuilles Nouvelles. Chaque plante ayant dormis toute la mauvaise saison reprenait soudainement vie, sortait de terre et s'épanouissait au soleil radieux. Bientôt, la blancheur éclatante de la neige ne serait plus qu'un lointain souvenir, remplacée par les mille et une couleurs des fleurs.

Shadow sentait la vie s'éveiller sous ses pattes. Il tendait son esprit vers une fleur ou un arbuste et il sentait la vie frémir en lui, comme s'il attendait le feu vert pour sortir de son long sommeil. Les rongeurs et autres petits animaux commençaient également à sortir le bout de leur museau. Bientôt, le gibier abonderait de nouveau. Le guérisseur remarqua un écureuil roux se tenant sur une branche. Une noisette entre les pattes, il regardait d'un oeil vif le paysage, ses oreilles bougeant sans cesse. Quand il sentit qu'un renard arrivait, il bondit en un éclair dans sa tanière dans la partie touffue de l'arbre. Shade eût un sourire mi-amusé mi-triste. Il n'avait pas la moindre attention de l'attaquer ! Pourquoi fuir ? Enfin ... Qu'espérait-il ? Que cet écureuil aille se blottir entre les pattes de l'un de ses prédateur ? Ombre secoua la tête comme pour ranger ses pensés.

Il s'assit sur une surface mouillée du sable. A chaque vague, l'eau venait lécher ses pattes avant de se retirer pour revenir avec monotonie. Le chant des vagues était doux et appaisant. Coeur d'Ombre ferma doucement ses yeux et se concentra sur l'eau qui venait sur ses pattes. Une algue s'accrocha à l'une d'elle mas le guérisseur ne fit rien pour s'en débarasser. Peu à peu, ses pattes s'enfoncèrent doucement dans le sable. Le temps passa vite sans qu'Ombre s'en rendre compte. Comme la marée était montante, l'eau venait à présent jusqu'à son arrière train. Coeur d'Ombre ne bougea pas d'un poil, les yeux clos, écoutant le bruit des vaues qui allaient et venaient.

Poil de Soiuris promena doucement sa patte dans l'eau. Elle la retourna, pusi la souleva. Le sable s'écoula entre ses griffes lentement, comme dans un sablier. Fascinée, elle recommença cette opération plusieurs fois, persuadé d'être seule. Mias lorsqu'elle releva la tête, ses yeux bruns empruns d'une petite lueur nouvelle, elle remarqua un autre renard. Il était assez loin, mais elle l'avait tout de même vu. Lentement, elle s'approcha de lui, tout en s'émerveillant de la mer et en la fixant. Parvenue assez près, elle remarqua la position un peu bizarre du renard. Et c'est là qu'elle rconnu Coeur d'Ombre son guérisseur. Elle s'avoua qu'elle l'avait reconnu grâce à ses manie bizarres. Mais elle ne pouvait s'en vouloir.
Parvenue à quelques mètres, elle lança doucement :

- Coeur d'Ombre...

Elle n'était pas du tout sûr que le guérisseur l'ait entendu. La grondement des vagues couvrait sa voix et elle avait à peine murmuré, d'une voix très douce. Pourtant elle ne répéta pas ; attendit.

C'était agréable. Sentir la fraicheur des vagues sur ses pattes, le doux chant de l'eau, la légère brise ... Coeur d'Ombre aurait bien voulut que ce moment dure jusqu'à la fin de la journée. Mais une voix la tira de sa rêverie :
"Coeur d'Ombre ..." disait-elle.
Le guérisseur ne tourna pas tout de suite la tête. Le nouveau venu était du même Clan que lui, à en juger par son odeur. Il n'était donc pas dangeureux. Il s'amusa à essayer d'identifier le nouveau venu mais n'y parvint pas.
Shade tourna lentement la tête, sans pour autant se lever. Poil de Souris, une guerrière du Clan, se tenait devant lui. Il lui sourit, ses yeux verts trop perçants l'enveloppant du regard.
"Bien le bonjour, Poil de Souris. Belle journée, n'est-ce pas ?" fit-il tout en inclinant la tête, les oreilles dressées.

- Bien le bonjour, Poil de Souris. Belle journée, n'est-ce pas ?

Poil de Souris cilla, tressaillit... Elle frissonna, puis baissa automatiquement le regard. Aussitôt, un réconfort étrange l'envahit, s'insufflant dans son corps du bout des oreilles jusqu'aux poils de sa queue.
Elle n'avait encore jamais regardé Coeur d'Ombre dans les yeux. Qui était ce renard pour avoir un tel... regard ?
Les yeux de Coeurs d'Ombre étaient deux lacs d'un vert lumineux.
Deux lacs qui recelaient une sagesse aussi vieille que le monde. Plus vieille que le monde.
Deux lacs sans fond dans lesquels, elle le pressentait, on ne pouvait pas nager. Juste se noyer.

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Fascinée, Poil de Souris ne dit rien. Elle n'arrivait pas à bouger, car elle avait relevé le regard, et ses grands yeux bruns s'étaient pris, s'était collés à ceux du guérisseur. Ils étaient... magnifique. Maintenant, elle n'arrivait plus à en décoller son regard. Peu à peu, ses yeux, tous comme quand elle les avait évité, lui procurait un réconfort étrange, une sorte de chaleur chaleureuse qui l'envahissait. Elle murmura :

- Oui... Merci... Je... Exactement... Et... Sinon... Mais...

Elle se tut, pris se respiration, puis, les yeux du Coeur d'Ombre exercant son pouvoir sur elle - elle ne parvenait pas à s'en décrocher et continuait à les fixer, comme un rêve -, elle reprit :

- Tu... Comment ça va ?

Coeur d'Ombre le vit parfaitement. Au moment où le regard de Poil de Souris rencontra le sien, la guerrière fut parcouru d'un frisson. D'horreur ? De peur ? De respect ? De crainte. Oui, Shade connaissait bien cela. Bien trop. Plusieurs fois, il avait regardé son reflet dans une rivière, et avait fixé ses yeux verts. Certes, ils étaient perçants, mais tout le monde pouvait avoir des yeux ainsi. Non,ce n'était pas ce qui gênait le plus. Ce qui faisait fuir les autres était sa lueur étrange qui dansait plus ou moins dans ses pupilles. Une lueur, dansant au rythme de sa respiration. Il savait également que quand il avait un de ses comportements étranges, elle était encore plus visible, clouant sur place quiconque croisait son regard. Mais, malgré tout cela ... Il l'aimait bien. Il était clair et pas comme les autres. Après tout, la variété mettait un peu de piment dans la vie. Mais tout le monde ne voyait pas les choses ainsi, apparemment.

A sa grande surprise, Poil de Souris avait relevé son regard, et, contemplait à présent ses yeux. Le regard fixé sur le guérisseur, se dernier eu un sourire gêné. Mais elle ne sembla pas le remarquer, comme scotchée par le vert perçant de ses yeux. Au bout d'une longue minute de silence, la guerrière finit par articuler :
"Oui ... Merci ... Je ... Exactement ... Et ... Sinon ... Mais ..."
Elle semblait avoir perdu la capacité à aligner deux mots.
"Tu ... Comment ça va ?" finit-elle par murmurer.
Ombre eût un bruit de gorge étouffé. Il se retenait à grand peine de ne pas éclater de rire et sa lueur sautilla d'amusement. Un sourire flottant sur ses babines, il répondit d'un ton qu'il voulait rassurant :
"Bien, merci. Que faisais-tu ici ? C'est une belle plage, n'est-ce pas ? J'aime beaucoup me promener par ici. C'est ... Comment dire ... Relaxant." fit-il en essayant d'engager la conversation.

Le souffle coupé, Poil de Souris vit la lueur dans les yeux de Coeur d'Ombre comme... comme un rêve. Un rêve échappé de son pays. Un rêve aux accents mystérieux et doux. Un rêve qui ne pouvait que faire du bien. Un rêve chanteur. Un rêve tournoyant. Un rêve de vie. Un rêve multicolore. Un rêve... tellement rêveur.
Elle entendit à peine la réponse du guérisseur, qui passa à travers son cerveau comme un courant d'air. Toujours sans détacher son regard de ce regard si possesseur de Coeur d'Ombre, elle finit par répondre, un peu plus fort cette fois, mais plus bas que sa première parole, quand elle avait appelé le renard inconsciemment.

- Oui, c'est une... belle plage, souffla-t-elle. Oui...

Arghhh ! Là elle avait l'air d'une renarde perdue dans les vagues passionées. Elle se secoua sans résultat.

- Je... j'étais ici pour... me pro...

Ce qu'elle voulait dire se coinça dans sa gorge. Se promener ? Mais zut elle devait chasser pour le Clan ! C'était bien sa chance de croiser quelqu'un à ce moment ! Enfin... Tout de même c'était Coeur d'Ombre te juste pour ses yeux...

Poil de Souris semblait de plus en plus absorbée par ses yeux. Fascinée, plongée dedans, incapable de s'en détacher. En train de se noyer dedans. Coeur d'Ombre eut un sourire gêné. Même aligner semblait au-dela des forces de la guerrière. Il se demanda s'il dever détourner le regard ou même fermer les yeux. Peut-être que la bulle qui s'était formée autour d'elle éclaterait ... Mais d'un côté ... Une partie de lui-même lui disait de rien faire de tout ça. Après tout, ce n'était pas désagrable. Au contraire. Shadow se dandinna d'une patte sur l'autre, ne sachant que faire, et décida de ne rien faire. Pour l'instant. Tant que Poil de Souris n'en oubliait pas de respirer ... Il eu un sourire ironique.
"Pour te promener ? Oui, je comprends. Il fait de plus en plus beau, c'est vraiment agréable. J'aime bien le bruit des vagues. tu veux marcher avec moi ?" proposa-t-il d'une voix avenante, les oreilles dressées.

Poil de Souris remarqua à peine le sourire d'abord gêné, puis l'oscillement du corps de Coeur d'Ombre et enfin son sourire ironique. Elle ne remarquait, ne voyait que ses yeux. Ses yeux... C'était une magie, un enchantement, une force attirante, inpossible à ignorer. Loin, très loin, la voix de Coeur d'Ombre lui parvint :

- Pour te promener ? Oui, je comprends. Il fait de plus en plus beau, c'est vraiment agréable. J'aime bien le bruit des vagues. Tu veux marcher avec moi ?

Oh oui, bien sûr ! La guerrière irait n'importe où, tant que les yeux du guérisseur seraient là, eux aussi.
Prenait-elle toujours Coeur d'Ombre pour un fou ? Elle n'en était plus si sûr.
Pourquoi les yeux du guérisseur exercait une telle puissance sur elle ? Elle ne prit même pas la peine de se poser la question. Pour elle, c'était comme évident.
La nourriture du Camp était maintennant complètement évaporé. Enfin, son soucil. Mais y en avait-il un ?
Les yeux de Coeur d'Ombre effacaient toutes pensées, effaçaient tout. Elle répondit doucement :

- Oui... Bien sûr.

Mais, peu à peu, Coeur d'Ombre sentait l'inquiètude le saisir. Ce n'était vraiment pas courant ... C'était même la première fois qe quelqu'un resté scotché à son regard ! D'habitude, c'était plutôt le contraire ... Très étrange. Mais il se sentait de plus en plus mal à l'aise. Et si ... Non, c'était absurde mais pourtant ... Shade commençait à avoir l'impression que Poil de Souris se noyait VRAIMENT dans ses yeux. Il se mordilla une babine.
"Oui, bien sûr." dit Poil de Souris d'une voix profondement lointaine.
Ombre décida qu'il fallait agir. Le laisser comme ça serait peut-être désastreux ! Il se leva, décidé, et fit :
"Bien, allons-y."
Le guérisseur fixa une dernière fois Poil de Souris et se détourna. Il perdit son regard au loin, le plus loin possible vers l'horizon, comme s'il voulait l'abandonner au loin. Il se mit à marcher à pas lent, les oreilles guettant un bruit. Le bruit indiquant que Panya reprendrait son souffle.

Quelle félicitée de ne penser à rien, d'avoir l'esprit vide de toute chose ! Surtout quand on se plongeait dans un lac d'eau douce... parfumée... délicieusement tiède...
Poil de Souris fit un sourire qui n'était pas sien à Coeur d'Ombre. Ce qu'il venait de dire n'avait aucune, aucune importance... Ce qu'elle venait, elle, de dire, non plus ! Elle flottait, sans prendre conscience des évènements, de ce qu'elle disait, de ce qu'il disait. Elle était seulement consciente de ce que les yeux de Coeur d'Ombre disaient.
Loin, loin, comme dans un écho, dans un rêve, assourdie, la voix du guérisseur lui parvint :

- Bien, allons-y.

Et il se détourna.

Au plus profond d'elle même, Poil de Souris sentit quelque chose tomber, tomber à travers son corps et tomber, se fondre dans le sol, l'abandonnant à tout jamais. Elle reprit ses esprits en même temps que sa conscience, mais il manquait une partie. Sa conscience en serait plus jamais entière, l'image des yeux de Coeur d'Ombre restait gravée sur sa rétine.
Elle resta immobile, encore absorbée par ce changement, par ce manque. Elle était toujours loin, mais plus près. Elle avait perdu un bout de sa conscience. Elle n'avait plus l'impression de respirer. Le faisait-elle ? Non ? Oui ?
Elle ne s'en préoccupait pas.
Elle resta là longtemps. Elle avait l'impression qu'elle restait immobile ainsi depuis des heures, peut-être des jours, des éternités... Elle n'en avait pas conscience.
Car un bout de sa conscience était tombé.

Coeur d'Ombre était si tendu qu'il hésitait à respirer. Pourquoi n'y avait-il aucun bruit ? Pourquoi Poil de Souris ne bougeait-elle pas ? Shade s'était arrêté. Il avançait seul, il en était sûr. La guerrière ne l'avait pas suivit. Que faisait-elle ? Une violente anxiété s'empara de lui, le répugnant à se retourner. Mais la curiosité était aussi bien présente. Il respira un bon coup et se retourna brusquement.

Poil de Souris était toujours assise sur le sable. Ses yeux grands ouverts fixaient sa direction mais ne semblaient pas le voir. Ils étaient dans le vague, sans expression. La renarde semblait figée, comme en pierre. Shadow sentit son coeur s'accélerer encore. Il resta immobile un instant, puis murmura, la gueule aussi sèche que le désert en période de canicule :

"Poil de Souris ? Tu viens ?"

D'une patte hésitante, il secoua légèrement la guerrière. Ses yeux verts étaient rivés sur le sol. Si elle se replongeait dedans, tout recommencerais ...

Poil de Souris ne voyait pas le sable. Ne sentait pas le sol. N'entendait pas la mer. Ses sens perdus. Le seuls qu'elles sentit, ce fut le toucher d'un regard. Les bruits de pattes légers sur le sable mouillé. Et la légère secousse.

- Poil de Souris ? Tu viens ?

Elle reprit tout ses sens en même temps, redevint elle-même. Mais resta sans une partie de sa conscience. Elle bredouilla, dérivée :

- Euh... eh bien... oui, biens sûr. Enfin, euh...

Elle s'empêtrai dans les mots. Elle regarda Coeur d'Ombre. Qui ne la regardai pas. Elle avança vers lui, hésita, puis lui tapota du bout de la patte l'épaule.

- Tu... tu viens ?

Murmura-t-elle d'une voix sans âme.

Ses yeux ne se détachaient pas du sol. En fait, autant dire qu'il les avait jeté par terre, dans le trou entre la pierre et le coquillage. Il ne restait plus qu'à recouvrir de sable et c'était bon. Shade attendait. Il aurait pu attendre bien longtemps. Il n'osait pas regarder, de peur de se retrouver en face d'un désastre. Une patte se posant sur son épaule le fit sursauter brutalement.

"Tu ... Tu viens ?" souffla Poil de Souris d'une voix sans énergie, un peu pateuse.

Elle semblait avoir du mal à se concentrer. Mais Shadow poussa un petit soupir de soulagement. Au moins, elle n'était pas devenue à moitié folle. Le guérisseur se força à sourire et bredouilla :

"Oui, oui, allons-y."

Il hésitait. Devait-il se risquer à la regarder de nouveau ? Il se mit à marcher au bord de la mer, les vagues lui léchant les pattes.

- Oui, oui, allons-y.

Coeur d'Ombre avait légèrement sursauté à son contact, mais Poil de Souris n'y avait pas pris attention. Il commencèrent à marcher dans un silence pesant au bord de la mer, chacun n'osant regarder l'autre. Mais la guerrière, étrangement, ne le sentait pas.
Mais au bout d'un moment, elle ne put se contenir et, écrasée par le silence, demanda à voix haute, mais toujours de cette voix dénuée de ton :

- Tu... tu est né là, non ?

Elle se tourna vers lui et le regarda dans les yeux... et regarda son museau qui refusait de la regarder. Elle ne pensa même pas à penser "Quel impoli !"
Elle attendit tranquillement qu'il réponde car, pour elle, le temps ne passait plus trop.

Il y avait comme une tension. L'air semblait lourd, plus lourd que jamais. ombre marchait avec obsetion la tête baissée, mai entendait avec souagement le sable crisser sous les pattes de Poil de Souris. Le silence s'éternisait, et il semblait qu'il avait la bouche bien trop sèche pour parler. Et puis, que dirait-il, de toute façon ? Il se contenter de marcher, savourant le soleil qui lui chauffait le pelage.

"Tu ... Tu es né là, non ?" fit tout à coup Poil de Souris.

Shade entendt qu'elle s'asseyait. Il s'arrêta à son tour, se dandinnant d'une patte sur l'autre. Il se tourna et se re-tourna sur lui-même, fuyant le regard de la guerrière, puis fini par s'asseoir légèrement en diagonale par rapport à la renarde. Si elle le cherchait, elle pouvait voir ses yeux. Il fallait juste qu'elle tende un peu la tête. si elle y tenait tellement, elle le ferait. Et il verrai bien. Il toussota, un peu gêné par la question et répondit franchement :

"Hmm ... Pas vraiment, en fait. Tu ignorais que je ne suis pas né au sein du Clan du Bronze ? Mes parents étaient Solitaires ... Je suis né dans une forêt, mais je ne sais plus très bien laquelle. C'était il y a si longtemps ..."

Coeur d'Ombre s'assir. Poil de Souris plissa les yeux : il refusait de la regarder, fixant le sable. Elle lui lança un regard curieux, mais n'insista pas.

- Hmm .. Pas vraiment, en fait. Tu ignorais que je ne suis pas né au sein du Clan du Bronze ? Mes parents étaient Solitaires... Je suis né dans une forêt, mais je ne sais plus très bien laquelle. C'était il y a si longtemps...

Poil de Souris le regarda quelques secondes puis, reprenant contenance, elle soupira :

- Oh là là... Ce doit être une longue histoire...

Elle attendit une réponse qui ne vint pas. Ne voulant pas laisser la conversation tomber dans un grand silence, elle ajouta malicieusement :

- Non ?

Tout ce qu'elle avait dit jusqu'à présent, elle avait eut des émotions. Mais elles n'étaient pas apparues dans sa voix. La queue de Poil de Souris s'agita légèrement.

Le regard fuyant, Coeur d'Ombre se demandait toujours si il devait risquer de croiser le regard de Poil de Souris. Il faudrait bien le faire un jour ...

"Olalah ... Ce doit être une longue histoire ..."

Shade hocha la tête. C'était vrai. Longue, pas commune, aussi. Un peu effrayante.

"Non ?" ajouta Panya alors que le silence s'installait.

Le guérisseur comprit ça comme une demande de lui raconter son histoire, son passé. Il agita les oreilles. Devait-il le faire ? Alors qu'il ne connaissait Poil de Souris que très vaguement ? Il hésitait. Il n'avouait jamai ça à la légère, comme quand on parle de la pluie ou du beau temps. Mais après tout, pourquoi le cacher ? Elle le saurait bien un jour. avec toutes les rumeurs et histoires qui circulaient sur lui, le guerisseur à moitié-fou du Clan du Bronze. En fait, peut-être qu'il valait mieux qu'elle l'entende de la gueule de Shadow lui même. Ainsi, peut-être ne croirait-elle pas toutes les sornettes qui n'étaient qu'inventions pures. Mais il décida de ne pas révéler tous les détails. Ceux qu'il préférait enfouir à tous jamais. Il se mordilla la langue avant de se lancer :

"Tu veux l'entendre ? Très bien. Bon. Il y a bien des Printemps, je sui né avec mes frères et soeurs dans une forêt que dont j'ai oublié l'endroit. J'ai eu une enfance heureuse mais un jour, ma mère m'a abandonné. J'ai erré longtemps, j'ai traversé la forêt et bien des plaines pour un jour arriver au désert. Là, mot de fatigue, je me évanoui. Fleur des Sables, la guérisseuse de l'époque m'a trouvé et remit sur pattes.je suis devenu son apprenti, et quand elle est ... Quand elle partit au Clan des Etoiles, je suis devenu guérisseur à mon tour. Voilà."

Coeur d'Ombre se rendit compte qu'il avait passé de nombreux détails et atténué certaines choses. Tant pis. Après, tout, c'était sa vie. La raconter n'était pas chose facile. Il s'efforç de sourire et demanda à son tour dans l'espoir qu'ainsi, Poil de Souris ne demanderait pas de précisions :

"Et toi ? Tu es née au sein du Clan ?"

Un petit silence passa avant que Coeur d'Ombre se décida enfin. Poil de Souris s'installa confortablement sur le sable et observa les yeux du guérisseur quand il parlait. Elle vit la petite lumière mais, étrangement, plus aucune attirance, aucun sentiment de bonheur et de flottement ne s'insinua en elle. La lumière était là. Et puis c'est tout.

- Tu veux l'entendre ? Très bien. Bon. Il y a bien des Printemps, je suis né avec mes frères et soeurs dans une forêt que dont j'ai oublié l'endroit. J'ai eu une enfance heureuse mais un jour, ma mère m'a abandonné. J'ai erré longtemps, j'ai traversé la forêt et bien des plaines pour un jour arriver au désert. Là, mot de fatigue, je me évanoui. Fleur des Sables, la guérisseuse de l'époque m'a trouvé et remit sur pattes.je suis devenu son apprenti, et quand elle est ... Quand elle partit au Clan des Étoiles, je suis devenu guérisseur à mon tour. Voilà.

Poil de Souris leva les yeux vers le ciel, mais le soir n'était pas encore du tout tombé et aucune étoile n'apparaissait. Fleur des Sables devait être loin, mais elle sentait quand même la présence des ancêtres, tout près... Quand, pendant le jour, le Clan des Étoiles n'apparaissait pas, elle se disait pour se rassurer que leurs âmes étaient encore plus proches, descendant auprès d'elle pour la surveiller. Elle murmura :

- Tu es donc venue de si loin... Ce devait être beau là-bas.

Elle parcouru du regard le paysage qui les entourait.

- Enfin, ici aussi c'est beau, mais... c'est habituel.

Elle soupira.

- Et toi ? Tu es née au sein du Clan ?

Poil de Souris sursauta et serra les crocs. Ses poils se dressèrent à-demi sur son échine. *Ne pense pas à ça, ne pense pas à ça...* Elle coupa sèchement :

- Oui. Mais c'est long.

Elle se détourna et fixa la mer, tentant de réprésser sa colère envers ce renard qui osait lui refair penser à ça.

Poil de Souris l'écouta. Et ... Le regarda. Le regarda dans les yeux. Coeur d'Ombre, un peu paniqué, failli regarder de nouveau à l'horizon mais se força à ne pas bouger. Rien ne se passa. Poil de Souris semblait tojuours lucide et attentive. Un énorme soupir travers les babines de Shade qui sentit un poids s'enlever de son coeur. Tout était de nouveau ... Normal. La guerrière murmura :

"Tu es donc venu de si loin... Ce devait être beau là-bas. Enfin, ici aussi c'est beau, mais... c'est habituel."

Elle soupira. Mais quand le guérisseur demanda à Poil de Souris quel était son passé, cette dernière sursauta et se tendit soudainement. Elle eût un regard qui donna un frisson à Shadow et fit sèchement :

"Oui. Mais c'est long."

Shade se leva, se tourna et se rassit, mal à l'aise. Apparement, lui rappeler son passé ne lui était pas agréable, pas du tout. Il ne devait pas être bien rose non plus. Il savait que lui demander des précisions serait impoli et pourrait rouvrir d'anciennes mais profondes blessures. Mais la curiosité le tenaillait ... Alors il fit simplement -et bêtement-, sans réfléchir :

"Ah ?" avec une mine à la fois curieuse et compatisante.

La mer ondulait doucement, ses vagues blanches pleines d'écume venant s'étendre au bord de la plage, s'allonger, puis, comme attirée apr un souffle de vent, comme poussée par un souffle de vent, elle repartait pour revenir ensuite, inlassablement. Poil de Souris contemplait cela, la sérénité s'insufflant en elle, la tranquillisant, la faisant oublier son passé, pour ne plus vivre que le maintenant. Elle sentait la présence du renard derrière. Elle respirai profondèment, mais tout cela fut troublé par cet idio de renard qui insista d'un ton nonchalant :

- Ah ?

Au début, Poil de Souris ne comprit pas cette allusion. Elle était tojours aussi zen, puis, lorsque la réflexion de Coeur d'Ombre l'atteignit en plein dans le coeur, elle se retourna brusquement, tout cet instant passé. Elle ouvrit la gueule, mais aucun son n'en sortit. Elle aurait voulu se déverser, tout raconter, se nettoyer, se blanchir mais c'était... impossible.

Bon, en fait, tout n'était pas si normal. En fait, Poil de Souris semblait être décalée. Dans un autre monde où tout serais merveille. On aurait dit qu'elle voulait s'y raccrocher à tout prix et quand Coeur d'Ombre prononça son "Ah ?" interrogateur, il remarqua bien que cela sembla l'exaspérer, comme si on la sortait d'un rêve merveilleux. Puis elle se retourna vers Coeur d'Ombre et qu'elle chose sembla s'éveiller en elle. Elle ouvrit de grand yeux, puis sa gueule, mais aucun son n'en sortit. Le guerrisseur sursauta tellement cela le mit mal à l'aise et son coeur battit si fort qu'il crut qu'il voulait défoner ses côtes pour s'échapper. Shade demanda d'une voix un peu trop aigue :

"Poil de Souris ? Tu es sûre que ça va ? Tu veux rentrer ?"

Poil de Souris regardait toujours le renard. Il n'y avait que le flux et le reflux de la mer comme bruit. Puis la voix de Coeur d'Ombre, un peu plus aïgue qu'à l'origine, se fit entendre, et elle comprit qu'elle devait vraiment avoir l'air malade :

- Poil de Souris ? Tu es sûre que ça va ? Tu veux rentrer ?

Elle se léchouilla la patte pour essayer de paraître plutôt zen et normal - ce qui ne fut pas très réussi - puis répondit :

- Ben... Pourquoi tu dis ça ? Je me sens très bien ! Je doit être un peu pâle, peut-être... Ca doit le vent de la mer. Et le bruit des vagues : ça me donne mal au coeur. Tu n'as pas un remède contre cela ?

Tout ce qu'elle racontait était faux, évidemment, c'était des salades. Mais il fallait à tout pris changer la conversation. Aussi elle parla d'une voix bien forte, pour que le guérisseur comprenne qu'elle n'avait pas du tout envie de prolonger la conversation avec ce sujet et qu'il ne fasse pas encore de remarques idiotes. Elle attendit la réponse légèrement crispée, craignant qu'il n'insiste.

N'empêche que la dernière phrase donna une excuse en or à Coeur d'Ombre. il sentait bien que la réponse de Poil de Souris n'était pas très franche, et il sentait aussi qu'il ne pouvaitpas continuer comme ça. Dès qu'il coryait qu'elle allait mieux, sa rechûtait. Il se sentait terriblement coupable. Tout ça ... A cause de ses yeux ? Il dit précipitament :

"Oui, oui, bien sûr ! Mais par contre, elle est au camp. Je te propose de rentrer pour ue je te donne le remède. Sinon, ta santé pourrait chûter et ce ne serait vraiment pas bon. Tu viens ?"

Il pria silencieusement pour que Poil de Souris ne discute pas et le suive sans histoire. Pour donner l'exemple en quelque sorte, il s'éloigna de la mer et prit le chemin du camp. Il n'était pas si loin et ils pouvaient y arriver rapidement.

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