Chasse.

Le vent faisait doucement bruire l'herbe. Un calme impressionnant régnait dans la plaine. Ce n'était pas vraiment un silence, car l'on entendait les petites pattes furtives des mulots, des souries ou des rats des champs fendre l'herbe précipitamment. On entendait également, de temps à autre, les cris perçants des aigles, là-haut, qui tournoyait au-dessus de la plaine, guettant le mouvement de leur proies ; et le bruit froufrouté de leur ailes lorsqu'ils piquaient vers le sol, pour remonter ensuite très vite, un petit corps chaud dans le bec, ou furieux de s'être laissé trompés par le mouvement d'une herbe ondulante. On entendait un faible glouglou provenant de la rivière, au-dessous du petit pont de bois dont, si l'on tendait l'oreille, entendait même les craquements sous le vent. Le bruit des feuilles des arbres de la forêt s'entrechoquant donnait l'impression d'un fort vent, pratiquement d'une tempête ; mais ce n'était qu'une illusion. Enfin, ils y avaient tous les petits bruits secondaires, certains aussi habituels que ceux-ci ; certains que l'on entendait, d'autres non. Par exemple, le bruit encore plus furtif et doux d'une jeune renarde essayant de se faire discrète parmi les herbes qui, déjà, commençait à sécher...

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Pelage de Noisettes était en tour de chasse. Elle était venue ici car elle savait qu'il y avait de nombreuses proies ici, qui satisferaient, elle l'espérait, sa mission. Mais elle avait oublié un petit détail. En voyant les aigles au long bec tournoyer autour d'elle, l’œil à l'affût, elle avait sursauté et s'était montré à découvert. Heureusement, ils ne devaient pas regarder dans sa direction, car aucun des volatiles n'étaient venu attaquer la grosse chose chaude au milieu de l'herbe.
Maudissant cet oublie, la jeune guerrière n'avait plus qu'à essayer d'attraper ses proies en se dissimulant. Elle était peut-être capable de vaincre, de donner une bonne leçon à un aigle tout du moins, mais n'avait pas le cœur à essayer. De toute façon, elle n'avait plus le temps de faire demi-tour et d'aller chasser ailleurs. Il était presque midi et il lui manquait pas mal de temps ; déjà qu'elle voulait se faire remarquer par Demi-Cœur en faisant bien son travail et en ramenant un nombre de proies plus que suffisant au camp...
Alors qu'elle allait encore avancer, elle s'arrêta brusquement, les moustaches, le nez et les oreilles frémissantes. La patte suspendu en l'air, elle s'obligea à la poser tout doucement sur le sol de terre et se ramassa lentement sur elle-même.
A à peine un mètre de Pelage de Noisette se trouvait un assez gros mulot, affairé à ronger une petite graine. Il ne l'avait apparemment pas remarqué, mais ce n'était plus pour longtemps. La jeune guerrière rousse bondit d'un seul coup. Le mulot terrifié se tourna en un petit bond vers elle, mais un coup de patte l'avait déjà assommé et il s'écroula sur le côté. Rapidement, la renarde lui donna un coup de croc en lui brisant la nuque. Satisfaite, elle enterra sa proie et balaya bien le sol de sa queue, qui garda son odeur, pour être sûre de retrouver le mulot ensuite. Elle avait eut assez de chance, pensa-t-elle, d'être tombée si rapidement sur une proie, de bonne taille de plus. Elle regarda à nouveau le ciel, soudain méfiante, mais se rasséréna ; il ne restait plus qu'un seul aigle faisant des ronds, se détachant sur les nuages, au dessus de la forêt, plus loin. Elle pouvait continuer sa chasse en tout tranquillité.

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