Mélancolie. [Libre !]

L'atmosphère était froide, dure, presque glacial. Le temps avait bien changée, en si peu de temps. Une épaisse couche de nuages virants au gris cachait l'astre du jour, et seuls les rayons les plus vigoureux arrivaient à percer cette barrière nuageuse. Il n'était pas si tard dans la journée, aux alentours de 17 heures environ, mais pourtant, il faisait assez sombre. Les nuages bloquaient également la lumière, tout autant que la chaleur. Le vent soufflait modérément, mais assez pour faire ployer les plus jeunes arbustes et la grande surface d'herbe qui commençait à roussir. Herbe qui serait probablement bientôt recouverte d'une épaisse couche de neige éclatante. Tout semblait sur le point d'éclater d'un moment à l'autre. Les nuages étaient gonflés de pluie et semblaient prêts à craquer à tout moment tandis que le vent, jusque là contenu, pouvaient se déchainer à tout moment. Bien que la Saison de Feuilles Mortes soit toujours d'actualité, la Saison des Neiges était toute proche. Si proche qu'on avait l'impression de pouvoir la toucher, la humer, la goûter même, sentir sa morsure glacée, prévoir ses tempêtes de neige ou ses pluies diluviennes. Oui, l’hiver s’annonçait bien rude.
La plaine d’étendait à l’infini devant ses yeux. Coeur d’Ombre leva le museau vers le ciel et inspira une grande goulée d’air pur. Ici, au moins, les monstres puants n’influençait pas l’atmosphère qui restait, bien que fraiche, très agréable à respirer. Le guérisseur était venu ici sans raison bien précise. Se balader, tout simplement. Marcher, sortir un peu, écouter la nature et ses habitants discrets. Il avait parcouru tous les territoires jusqu’à la grande plaine et environ la moitié de celle-ci. Clopin-clopant, sa boiterie ne l’avait pas empêché d’accomplir sa marche. Les yeux levé au ciel, il ne s’interrompait pas, laissant son esprit vagabonder à son gré. Soudain, il sentit une goutte s’écraser sur son museau. Il secoua la tête, sentant la désagréable morsure glacé de l’eau, mais des dizaines d’autres se mirent à tomber, puis des centaines, des milliers. Des milliers de petites perles d’argent tombaient du ciel. Le renard du Clan du Bronze fut trempé jusqu’aux os en moins de dix secondes. Il s’ébroua, faisant tomber les gouttes de ses moustaches, mais c’était totalement inutile. Et pour couronner le tout, le vent se mit effectivement à souffler avec deux fois plus d’ardeur. Les gouttes se mirent donc à gifler le museau du guérisseur qui se sentit tout petit, d’un seul coup. Il regarda autour de lui dans l’espoir de trouver un abri, mais la plaine était vaste et complètement vide d’arbre. Aucun abri, c’était juste une immense étendue lisse. Il se demanda que faire pendant un moment et resta immobile. Et bien, tant pis. Maintenant, il y était, de toute façon. Il leva son museau vers le ciel et ferma les yeux, savourant l’effet que produisait la pluie en s’écrasant sur son pelage. Ce n’était pas si désagréable que ça.

Pelage de Noisette poussa un petit cri d'effroi. Ses pattes venaient de s'enfoncer dans les feuilles mortes tapissant le sol. Elle s'immobilisa quelques secondes, en voyant qu'elle n'avait rien, son coeur battant à tout allure. Elle souleva sa patte. Les feuilles mortes restèrent quelque secondes sur ses griffes, puis virevoltèrent vers le sol. Elle sentit idiote et stupide ainsi qu'humiliée. L'instant de peur passé, son premier réflexe fut de tourner la tête pour regarder si personne ne l'avait vu dans une posture si bête. Elle fit un petit bond pour sortir du trou où les feuilles étaient tombés, dissimulant ainsi la bosse. Elle s'éloigna le plus vite possible de cet endroit, jetant toujours des coups d'oeil anxieux derrière elle.
Lorsqu'elle se retrouva dans la Grande Plaine, elle estima qu'elle s'était assez éloignée et elle se remit à marcher d'un pas tranquille.
Elle était d'abord sorti du camp sous l'excuse d'aller chercher. Mais en vérité, elle contait plutôt se promener ou dormir car depuis ce matin, elle n'avait fait que travailler. Mais elle songeait quand même à ne rentrer pas trop tard avec une proie ou deux pour ne pas qu'on l'accuse d'avoir traînée. Soudain, un coup de vent fit s'envoler une herbe folle qui vint droit se planter dans l'oeil de la guerrière. Celle-ci, jappant et se secouant, s'en débarrassa très vite, mais elle ne pouvait presque plus ouvrir son oeil. Maudissant le vent, elle leva le nez vers le ciel. C'est alors qu'une goutte tomba sur son oeil déjà endoloris, puis d'autre s'écrasèrent sur elle. Furieuse, elle chercha un arbre, mais la Grande Plaine porte bien son nom : c'était... une Plaine. Pas un abri à l'horizon.
Alors qu'elle cherchait ainsi un refuge, elle remarqua un autre renard, à plusieurs mètres d'elle, complètement immobile, laissant la pluie ruisseler sur ses poils. Presque stupéfaite qu'une renard puisse aimer la pluie, elle oublia cette dernière et s'approcha de l'autre renard. Elle l'observa quelque seconde, ne sachant que dire. Il ne semblait pas s'apercevoir de sa présence.

Les gouttes s'écrasaient sur le bout de son museau, ou bien sur ses oreilles et dans ses yeux qu’il avait plissés pour se protéger. Ensuite, elles dégoulinaient le long de son échine avant de se perdre dans ses poils. L'eau était froide, mais ... Ce n'était pas si terrible. Enfin même agréable. Il faut prendre son temps, dans la vie. Qui prendrait le temps de faire ce genre d'expériences si simples et pourtant ... essentiel ? Relaxant. Le bruit régulier des gouttes qui tombent par milliers ... Les voir tomber des cieux, le museau levé vers le ciel. Les admirer. N'importe qui dirait que ce n'était qu'une perte de temps, qu'il ferait mieux de chasser pour nourrir son Clan, surtout à l'approche de la mauvaise saison. Mais lui, au moins, pourra dire qu'il l'a fait et qu'il a même apprécié.
Immobile, Coeur d'Ombre sentait son pelage devenir chargé d'eau. Plaqué contre lui, sa teinte sable était devenue légèrement plus foncée. Ses moustaches étaient ployées par des gouttes d'eau se raccrochant au bout. Au bout de quelques minutes, il finit par s'ébrouer. Des gerbes d'eau jaillirent de tout côté. Il cligna ses yeux un peu brouillés par l'eau et sursauta brutalement. Une renarde se tenait devant lui, l'air de se demandait ce que fabriquait ce fou de renard à regarder la pluie tomber sans bouger au lieu de chercher un abri. Le guérisseur recula de trois pas, le coeur battant. La pluie avait masqué son odeur et ses bruits de pas. Il n'arrivait d'ailleurs toujours pas à distinguer son Clan. Elle avait l'air jeune, son pelage était roux et elle s'était apparemment bien prit l'averse, elle aussi. Shade toussota, un peu gêné, puis se présenta :

"Hmm, bonjour. Je suis Coeur d'Ombre, guérisseur du Clan du Bronze. Je ne te dérange pas ?"

Ouais, question débile. Une vague image lui revint. Ne l'avait-il pas déjà vue au rassemblement au Clan de la Cendre ? Il n'était pas sûr, et il ne préféra pas se risquer à dire des bêtises. Il se contenta de l'observa de ses yeux perçants, priant pour qu'ils ne soient pas trop étranges ce jour-là. La voir partir en courant et en hurlant ferait monter d'un cran -ou plusieurs, même- sa culpabilité.

Lorsque le renard vit enfin Pelage de Noisette en train de l'observer, il recula de plusieurs pas. Il semblait l'observait intensément et elle fit un sourire un peu gênée. Elle frissonna : les gouttes d'eau était froides, elle s'écrasaient sur son pelage et coulaient le long de ses poils. Il était aussi gêné qu'elle, et après un toussottement, il dit :

- Hmm, bonjour. Je suis Coeur d'Ombre, guérisseur du Clan du Bronze. Je ne te dérange pas ?

Elle avait envie de répondre : mais c'est moi qui vous dérange, là ! mais elle était trop intimidé. Elle était face à un guérisseur ! Quand même, quoi... Il savait plein de nom de plante, il pouvait guérir presque n'importe quelle blessure... Elle baissa la tête, puis la releva. Il semblait tout aussi mal à l'aise qu'elle, pourtant... elle n'était qu'une toute petite guerrière, à peine nommée ! Enfin bon, elle déclara :

- Et moi, c'est... Pelage de Noisette.

Elle fixa dans les yeux, et rajouta très vite :

- Je suis guerrière de la Cendre.

Elle s'éclaircit la gorge, ne sachant par quoi mener la conversation. Devait-elle s'en aller ? Elle fut surprise par ses yeux. Ils étaient... inhabituels. Sans faire exprès, elle recula de quelques pas. Ces yeux lui faisaient... peur. Ils étaient, étrange, grand... verts...

La guerrière sembla tout à coup très intimidée. Ses yeux s'arrondirent légèrement et ses pattes se fléchirent imperceptiblement. Elle courba la tête en un salut respectueux. Coeur d'Ombre se sentit un peu gêné de tant de politesse bien qu'un peu flatté tout de même. La guerrière se présenta, un peu hésitante :

"Et moi c'est ... Pelage de Noisette. Je suis guerrière de la Cendre." ajouta-t-elle avec une brève hésitation.

Elle promena son regard sur le guérisseur, qui s'était détendu. Elle n'avait pas l'air menaçante, loin de là même. Il s'assit, sa queue s'enroulant autour de ses pattes. Mais son contentement fut de courte durée. La dénommée Pelage de Noisette sembla remarquer ses yeux ... Ses yeux, trop vifs, trop brillants, trop étranges. Elle recula de quelques pas. Shade baissa les oreilles, déçu.

"Shriver !" hurla une voix dans sa tête.

Il sursauta. La guerrière le regardait d'un air apeuré. Cette voix ? Et ce nom ... Il l'avait déjà entendu. Où ? Il se mordilla les babines, affreusement gêné. Il fallait au plus vite briser ce silence, si pesant. Une sorte de tension rendait l'atmosphère lourde. Il n'était pas trop tard pour réparer le coup. Il baissa légèrement les yeux, espérant ainsi mieux cacher son éclat, et fit doucement :

"En ... Enchanté, Pelage de Noisette. Que fais-tu ici par un temps pareil ? Ce n'est pas très agréable, surtout qu'il n'y a pas le moindre abri ici ..."

» [Libre]
» LIBRE LIBRE!!!
» Une chasse discrète [Libre]
» Bercée par le son mélodieux de l'eau . [Libre]
» Nouvel avenir...[Libre]