De retour, dans son monde

Le ciel était gris par cette belle journée d’automne, l’air humide. Pas un bruit. Tout était calme. Près de la Rivière des Terres Libres, le silence était maître. Rien… Pas un chant d’oiseau dans les branches, pas un souffle de vent, pas un craquement de brindille.

Soudain, une silhouette apparut. C’était celle d’une jeune renarde. Son pas était fin et discrets mais en ce lieu muet, il restait parfaitement audible. Pour en revenir au portrait de la renarde, le voici : son pelage gris cristallin était terne et boueux, des feuilles y étaient mêmes restés collées. Son museau était ensanglanté et ses pattes elles aussi égratignées. Une large cicatrice zébrait son flanc droit. Qui aurait pût reconnaître là Flèche d’Argent, la vaillante Guerrière du Clan de la Cendre ? Qui aurait pût soupçonner qu’il s’agissait de cette jeune renarde fière au tempérament de feu ? Personne, évidemment. Une saison entière qu’elle avait disparut…. Pourquoi ? Comment ? Une histoire stupide qui avait viré au cauchemar et l’avait ramené dans cet état.

Un soir, alors qu’elle rentrait au Camps, un bruit la surprit. Intriguée, elle s’était faufilée entre les arbres afin de découvrir de quoi il s’agissait. Au petit matin, elle était perdue dans un territoire qu’elle ne connaissait pas. La belle affaire ! Elle s’endormit dans un buisson et en fut réveillée au petit matin par des aboiements de chiens. On la prenait en chasse ! Courant pour sauver sa vie, elle se perdit d’avantage. Finalement, elle arriva dans une ville de Bipède à demi-morte. Les Bipèdes ne sont pas sans cœur, ils savent juste très mal s’y prendre avec les renards. Ils décidèrent de la soigner. Une saison entière avant qu’ils ne se décident à la relâcher ! Une saison entière !

Et c’est ainsi qu’après une semaine d’errance qu’elle pût retrouver un lieu qui lui était familier. Flèche d’Argent s’approcha de la Rivière et regarda ses reflets avec dégout. Tandis qu’elle essayait de se nettoyer un peu, elle se demandait si les siens allaient la reconnaître, l’accepter…. Et toute à ses réflexions, elle n’entendit pas l’autre renard arriver…

J' tes Rp

Tornade de Givre se glissa silencieusement entre deux branches. L'une d'entre elles s'accrocha à sa fourrure et en arracha une touffe. La guerrière au pelage blanc comme neige grogna. Ce n'était pas son jour. Ce soir, elle avait bien besoin de faire une pause. De quitter le camp et son agitation pendant une trêve, aussi courte soit-elle, même si celle-ci ne pouvait durer que peu de temps, car elle devait rentrer auprès des siens avant le matin. La renarde tendit l'oreille avant de sortir de son territoire pour aller marcher dans les Terres Libres. Mais tout était silencieux. Rassurée, elle s'éloigna peu à peu du territoire du Clan de la Cendre, pour finalement se retrouver si proche des Rochers de la Lune qu'elle pouvait sentir de là où elle se trouvait l'atmosphère paisible qui les entourait. Elle prit une grande inspiration, heureuse de pouvoir enfin ressentir à nouveau l'air frais d'un soir de début d'hiver, quand rares étaient les feuilles qui restaient sur leurs branches mais que la neige n'était pas encore tombée. Une sorte de moment de transition. Perdue dans ses pensées, la jeune chef leva le museau vers la toison argentée. Là-haut, le Clan des Etoiles veillait sur elle et sur son Clan. Les Ancêtres veillaient sur tous les renards tandis que ceux-ci dormaient paisiblement. Et pourtant, le Clan connaissait une période difficile. Il y avait peu de tout-petits et les apprentis étaient trop nombreux pour le nombre instable de guerriers dignes de confiance. Le regard de Tornade de Givre se posa alors sur une étoile qui brillait, à ses yeux, un peu plus que les autres. Elle soupira. Etait-ce là l'un des fidèles guerriers de son Clan qui avait disparu mystérieusement ? Car en ces temps obscurs, avec la menace mortelle des chiens sanguinaires qui pesait sur leurs épaules, les renards avait du mal à réfléchir convenablement et parfois, certains d'entre eux choisissaient de quitter le Clan. Elle repensa à tous ceux qu'elle avait perdus de vue après un départ précipité. Que leur était-il arrivé ? Reviendraient-ils un jour, ou se trouvaient-ils déjà tous là-haut, tout là-haut en compagnie de leurs ancêtres ?
Soudain, la guerrière blanche détecta dans les buissons qui l'entouraient une étrange odeur de Bipède. Elle fut brusquement tirée de ses sombres pensées et ses yeux s'agrandirent d'étonnement. Impossible, aucun Bipède ne venait jamais par ici. Il se passait quelque chose d'anormal ! Elle courut dans la direction d'où venait l'odeur, toujours le plus discrètement possible. Et plus elle s'approchait de la source de l'odeur, plus celle-ci lui rappelait quelque chose, quelqu'un peut-être. Elle glissa la tête entre les feuilles et les brindilles qui entouraient la rivière comme une barrière. Et c'est là qu'elle aperçut cette silhouette se détachant sur le jour qui commençait à décliner. Un pressentiment la saisit, et lorsque l'Autre se retourna le doute l'envahit comme si elle avait plongé dans un lac d'eau glacée.
Se pouvait-il qu'elle connaisse cette renarde, silhouette si maigre au pelage couvert de boue et de sang ? Mais le regard de l'Autre n'avait pas changé, autant de lunes fussent-elles passées depuis le premier matin de sa soudaine, longue et terrible absence.

Flèche d'Argent,

souffla la chef du Clan de la Cendre.

[Et moi j’adoooooooore les tiens^^]

La jeune renarde au pelage maculé de boue essayait d’entreprendre la lourde tache qu’était celle de retirer les divers débris restés accrochés dans ses poils. C’est alors qu’elle avait à peine passé un coup de langue sur sa fourrure d’argent qu’une voix se fit entendre. Une voix…Un appel lointain plutôt ! Cela faisait une saison entière qu’elle n’avait pas parlée avec ses semblables ! Et pourtant cette voix lui parut familière. Elle fit volte-face avec une brutalité qui ne lui ressemblait pas. C’est que sons séjour chez les Bipèdes lui avait appris la prudence.

Mais qu’elle ne fut pas sa surprise quand son regard se posa sur une renarde au pelage ivoirin. Petite de taille mais grande d’esprit, comment aurait-elle pût ne pas reconnaître son Chef, Tornade de Givre ! Oh cela faisait si longtemps ! Oh combien elle avait souhaité pouvoir sentir l’odeur de sa chère Chef et attendre que celle-ci lui dise ce qu’il lui fallait faire. Et maintenant, elle était là, devant elle ! Les mots se perdirent dans la gorge de la Guerrière…

- Je… Tornade de Givre ! Oh, je… -

Au fond, Flèche d’Argent se sentait coupable. Elle avait laissé toute la vie du camps derrière elle. Et une Apprentie aussi… A ce souvenir, sa gorge se serra. Fumée de Groseilles… Elle devait avoir bien grandi maintenant. Quelqu’un d’autre s’était-il occupé de son entrainement ? Tant de temps était passé… Son regard d’ébène se reposa sur Tornade de Givre, cette Chef au grand courage qu’elle avait toujours admirée. Et là, comme ça, sans aucunes raisons apparentes, elle se jeta en larmes sur la Guerrière au pelage couleur de neige. Un déferlement d’émotion l’envahissait, trop de joie, trop de bonheur de peine et d’inquiétude. Elle ne savait comment y mettre fin.

- Tornade de Givre ! Je suis désolée, désolée…je…horribles…plus jamais… -

[Je ne trouvais pas d’autre expression pour décrire ses sentiments que le verbe pleurer… Désolée^^]

Tornade de Givre observa de ses grands yeux de charbon la guerrière aux reflets d'argent qui s'approchait d'elle. Un peu déboussolée pour la première fois depuis longtemps, la renarde blanche réalisa que Flèche d'Argent était bien devant elle, qu'elle ne rêvait pas. Et même si chaque détail portait à penser que tout n'était que songe, la jeune chef voyait bien que ce n'était pas là un signe du Clan des Étoiles. Si Flèche d'Argent était morte et avait rejoint les Ancêtres, si elle était venue ce soir-là lui porter un message, alors elle ne serait pas apparue le pelage couvert de boue mais bien dans son meilleur jour. Une seule explication possible : la guerrière était réellement revenue sur le Territoire.
Qu'était-il arrivé à Flèche d'Argent pour qu'elle en vienne à quitter ainsi le Clan de la Cendre ? Pourquoi son pelage portait-il une odeur aussi infecte, au point que celle-ci passe par-dessus l'odeur du Clan ? Les Bipèdes avaient-ils réussi à lui faire oublier sa vie parmi les siens ? Était-elle partie volontairement ou contrainte par la force ? Comment avait-elle réussi à survivre ? Les Bipèdes avaient-ils tenté de la chasser jusqu'à ce qu'elle décide de revenir ?
Malgré les émotions qui la submergeaient et toutes les questions absurdes qui tourbillonnaient dans sa tête, la part logique de Tornade de Givre reprit tant bien que mal le dessus. Son raisonnement suivit de nouveau un cours normal lorsqu'elle parvint mieux à se calmer.
Une seule question pouvait correctement résumer toutes les autres. C'est pour cela que Tornade de Givre crut bon de la poser, à l'instant précis où elle lui vint à l'esprit.

Mais... Pourquoi ?

" Et comment ? " fut-elle tentée d'ajouter. Mais elle oublia cette idée et retint son souffle, espérant du plus fort qu'elle le pouvait que son interlocutrice avait compris ce qu'elle voulait dire par ce simple mot. Qu'avait-il pu arriver pour qu'une guerrière aussi fidèle abandonne tout ainsi ?

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